Consom’agir en distinguant le vrai du faux

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Consom’agir en distinguant le vrai du faux


Illustration : Consom’agir en distinguant le vrai du faux Développement durable
 
Développement durable

Depuis quelques années, le terme de “consom’action” est apparu dans le vocabulaire des spécialistes. Consommer est devenu un acte militant, et le créneau est disputé à la fois par des associations et des entreprises. Sur Internet notamment, les initiatives foisonnent. Comment alors distinguer les vraies initiatives et  celles qui reprennent le mouvement à leur compte ?


De plus en plus, on met un produit dans son caddie comme on glisse un bulletin dans l’urne. Il en va de même pour les emplettes sur Internet : le consommateur réfléchit à donner un impact nouveau à son achat. Il est alors tentant de tromper l’internaute non averti, car les sites se prévalant de la consom'action se multiplient. La démarche également se complexifie : il ne s’agit plus seulement d’acheter des produits biologiques ou équitables, mais de préférer les organismes qui reversent une partie de la somme payée à une association. Du moins en théorie.

« Créer une association de consom’acteurs et faire payer une cotisation aux adhérents, c’est bien mais c’est passif à l’extrême » explique Michel Bogé, fondateur des ConsomActeurs associés, association de défense de l’environnement par la consommation responsable. Face à l’échec  de son guide des écoproduits domestiques, publié en 2002, cet ancien commercial décide de monter une association, et d’ouvrir une boutique « pour rendre actif le consommateur grand public ». Le magasin des ConsomActeurs associés propose des articles scrupuleusement choisis, pas nécessairement écolabellisés, et rarement issus du commerce équitable. « Ce secteur d’activité se porte plutôt bien, on trouve ces produits relativement facilement. Nous préférons nous consacrer à la sélection et à la promotion de ceux qui sont plus difficiles à dénicher, les produits écologiques de tous les jours ». On trouve en revanche des articles écoconçus, et à base de matières premières naturelles.

Participation citoyenne

Le plus souvent, les sites et organismes proposent essentiellement des informations sur la consom’action et les bonnes résolutions à appliquer pour consommer responsable. Le site Mes courses pour la planète, financé par l’Ademe, en est un parfait exemple. L’annuaire quasi exhaustif du Marché citoyen liste les adresses proposant produits et services biologiques, équitables, ou éthiques. La chaîne de magasins Nature & Découvertes a même sorti un guide intitulé « Être consom’acteur ». Sur d’autres sites, comme Eco-sapiens ou le suisse Top Ten, on trouve un comparateur d’articles écologiques en plus des informations sur la consom’action. En outre, Eco-sapiens propose un guide d’achat listant et distinguant les produits équitables, écologiques et solidaires, avec un lien direct vers le site vendeur. « Pour le choix des articles, on fait confiance aux boutiques, mais on prend également en compte les avis des internautes » explique Benjamin Leroy, l’un des responsables de la société coopérative. « Nous n’avons pas le monopole de l’éthique. Faire participer les utilisateurs, c’est une manière d’affirmer notre crédibilité ».

« Faire un don gratuit »

Aussi sensibilisé soit-il, le consommateur cherche avant tout le meilleur rapport qualité/prix. C’est sur cette idée que surfent plusieurs entreprises online. « Comparer les prix, acheter moins cher et faire un don gratuit », c’est le slogan de Soliland, jeune entreprise engagée au concept novateur. Pas question ici de changer fondamentalement ses habitudes de consommation : il ne s’agit pas d’acheter des produits bio ou équitables. En revanche, en achetant en ligne dans plus de 300 magasins en passant par le site de Soliland, une partie de la somme dépensée est reversée à une association. Le consom’acteur ne paye pas plus cher qu’en allant directement sur le site vendeur, et peut choisir de soutenir l’une des associations parmi la quarantaine proposée. Le même principe avait déjà été mis en place par le Crédit coopératif pour sa carte bleu Agir : pour tout retrait, une petite somme était allouée à une association, ce qui a permis de réunir 40000 euros en 2006. L’entreprise Soliland se veut la plus transparente possible, et explique reverser la moitié de ses bénéfices aux associations.

Méfiance cependant : certains guides d’achat solidaire sont plus obscurs. « Toutes les entreprises ne donnent pas l’argent récolté aux associations » explique Michel Bogé. Le président des ConsomActeurs associés accuse un autre organisme de reprendre le terme “consom’acteur” à son compte, sans bien-fondé. Le site Consom-Acteur se base sur le même principe que Soliland, et affirme reverser 1% de l’argent dépensé par les utilisateurs aux associations. En l’occurrence, il ne s’agit que d’une seule petite association, qui réalise des activités d’éducation à l’environnement en Picardie. Rien à voir donc avec la liste proposée par Soliland, qui contient les plus grandes ONG. En pratique, l’entreprise a réuni 6700 euros en 2006 et plus de 25000 euros l’année suivante, des sommes qui sont pour l’instant bloquées sur un compte, et dont l’association n’a pas encore vu la couleur. « Nous cherchons à faire augmenter le pourcentage reversé et le nombre d’associations, mais nous sommes une petite équipe » se justifie Romain Vallon, responsable de Consom-Acteur. Aux internautes de juger si l’argument les convainc ou non.

Rouba Naaman


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P
<br /> Super blog !!! continuez ainsi<br /> <br /> <br />
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